au filet
2023
assemblage/collage d'une citation de Martine Aballéa, in Prisonnière du sommeil, tirages en plâtre à échelle 1 et 20, filet de pêche, fil et drap de lit encrés, projection vidéo.
dim. 155x240x45 cm
Si l’écriture est prépondérante dans le travail de Caroline Bron, la photographie est aussi importante. Toutes deux produisent du récit dans une réinvention permanente des codes, des mots, des formes.
Comme par épuisement, Caroline Bron rejoue le procédé photographique. Dans la poursuite de sa série Sculpturoïd (2022), le polaroïd génère ici une nouvelle forme sculpturale. Par une combinaison de formes et de matières à la limite de la désintégration, c’est l’idée même de la narration qui est interrogée. Donner un sens aux éléments par des mots, les réinventer par de nouvelles formes, Caroline Bron façonne le langage et questionne son pouvoir sur les choses.
Capturées dans un filet, comme un sujet par l’appareil photographique, les éléments en plâtre se figent au mur avec fragilité. En leur centre, une image s’anime, déjouant le polaroïd traditionnel. Cet instantané vidéo où des fourmis transportent avec détermination une fleur de géranium en offre une définition, comme si distinguer le vrai du faux sera bientôt aussi complexe que de décrypter une image. L’impermanence du plâtre fait corps avec celle de la composition.
Sans en dire trop, Caroline Bron interroge et déconstruit l’instantané, l’image et la sculpture. Les couleurs fluos appliquées en fond contrastent avec le blanc des surfaces et accrochent le regard. En suspension, l’œuvre livre une poésie de l’instant, délicate et fractionnée.
Emilie Le Guellaut, juin 2023